burin
H. : 54 ; L. : 39 cm
Ni signé, ni daté
Inscr. : (sous la composition) Arlequin sur l'Hippogryphe à la croisade loyoliste / Armee van de Heylige Lingue voor der Jesuiten Monarchy [Armée de la Sainte Ligue pour l’établissement de la Monarchie Jésuite]
1952.3.026
© RMN-Grand Palais (musée de Port-Royal des Champs) / Franck Raux
Arlequin sur l'Hippogryphe à la croisade loyoliste
Jacques II s'était refugié en France après le débarquement de Guillaume d'Orange en Angleterre le 5 novembre 1688. Il avait été déposé par le parlement le 11 avril 1689 et la couronne fut confiée à sa fille Anne, qui gouverna conjointement avec Guillaume, sous le titre de Guillaume III. Avec le soutien de troupes françaises, Jacques II débarqua en Irlande en mars 1689. Après la bataille de la Boyne le 1er juillet 1690 et Traité de Limerick le 13 octobre 1691, Jacques se réfugia à nouveau en France.
Cette caricature de Romeyne de Hooghe a été réalisée vers 1689-1690. Louis XIV (Arlequin) et Jacques II (Panurge), chevauchent un âne, présenté ironiquement comme un « hyppogryphe », animal fabuleux mi-cheval, mi-griffon. Cette monture, généralement réservée aux héros, est aussi symbole des pulsions incontrôlées. Louis XIV, en armure avec une fraise autour du cou, une culotte ornée de fleurs de lys et une jambe de bois, porte de la main gauche un étendard sur lequel est inscrit en hollandais : « Sainte-Croisade rassemblant le Pape et les hérétiques, 1688 ». Derrière lui, Jacques II, également en armure, tient un étendard sur lequel est inscrit « Papisme » et « Monarchie ». Les deux souverains ont la tête sous un seul bonnet de jésuite. Au premier plan à gauche, on voit le confesseur de Jacques II, le jésuite Edward Petre, chevauchant un homard et tenant dans ses bras le fils de Jacques II, Jacques François (alias « le prétendant »), qui porte un petit moulin à vent au-dessus de sa tête. L'âne se cabre, apeurée par le débarquement de Guillaume d’Orange. L'armée de la Sainte Ligue pour l’établissement de la Monarchie Jésuite est composée de moines.
© Musée de Port-Royal des Champs
Coll. Marcel Ribardière ; acquis par l'État avec le domaine des Granges le 5 mai 1952
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